Les affiches








Le projet
Dans le cadre des Journées nationales d’action pour les droits des personnes handicapées, le paysage genevois a accueilli, du 15 mai au 15 juin, une campagne de sensibilisation du grand public aux droits fondamentaux des personnes handicapées et aux questions de l’accessibilité universelle. Cette campagne dont le slogan a été « comme tout le monde », portait sur quatre thématiques: le droit à la formation, le droit à l’emploi, le droit à l’habitat et le droit à l’autonomie.
Financée par le Canton et la Ville de Genève, la campagne a été portée par un comité réunissant les pouvoirs publics, des institutions et des associations de personnes concernées et de leurs proches.
Le concept a été choisi, après appel d’offre, par un comité majoritairement composé de personnes concernées.
Cette campagne met l’accent sur des situations réelles existantes de personnes vivant à Genève avec un handicap, visible ou invisible. Elle montre qu’avec des aménagements, de nombreux droits deviennent accessibles.
Signée par l’agence de communication Alternative et le photographe Loris von Siebenthal, la campagne s’est déploixée en ligne, sur un tram, les écrans des véhicules TPG, sur des espaces d’affichage en ville et au sein des communes partenaires.
Céline Witschard, fondatrice de Vision Positive et membre du comité, a accompagné l’accessibilité de l’intégralité de la campagne de communication.
L’association So Close a quant à elle réalisé l’audiodescription des 8 visuels de campagne, disponible sur cette page.
Les volets de la campagne
Le droit de se loger
Vivre de manière indépendante et être inclus dans la communauté sont des droits fondamentaux inscrits dans la CDPH (articles 19 et 23). Cela passe notamment par un logement accessible et adapté aux besoins spécifiques.
À Genève, des solutions innovantes d’habitat inclusif voient le jour, permettant aux personnes en situation de handicap de vivre de façon autonome tout en bénéficiant d’un accompagnement à la carte. C’est le cas par exemple de la contribution d’assistance de l’AI, qui permet aux personnes en situation de handicap d’employer directement des auxiliaires de vie, ou encore de certains appartements en colocation gérés par des fondations, où des équipes socio-éducatives, qui apportent un soutien personnalisé aux résidentes et résidents.
Dans ces lieux de vie ouverts sur l’extérieur, les personnes handicapées acquièrent des compétences pour être actrices de leur quotidien: faire les courses, la cuisine, la lessive, gérer un budget, etc. Elles participent pleinement à la vie sociale et communautaire.
L’habitat inclusif rompt avec la logique d’isolement et de mise à l’écart, tout en préservant l’autodétermination des individus. Il favorise l’autonomie, le lien social et le vivre-ensemble au sein de la cité.
Des aménagements simples du bâti, comme un accès de plain-pied, des circulations larges ou une salle de bain adaptée, suffisent souvent à rendre un logement accessible, quelle que soit la situation de handicap.
Le droit à l’autonomie
L’autonomie, entendue comme la possibilité de faire ses propres choix et d’avoir la maîtrise de sa vie, est une liberté fondamentale pour tout être humain. La CDPH réaffirme dans son article 3 les principes d’autonomie individuelle et d’indépendance des personnes.
À Genève, des progrès constants sont réalisés en termes d’accessibilité pour permettre une réelle autonomie des personnes en situation de handicap. L’accès aux transports publics représente un enjeu majeur à cet égard. Grâce à des aménagements comme des quais rehaussés et des rampes d’accès, de nombreux usagers à mobilité réduite peuvent emprunter librement les bus, trams et trains, sans devoir recourir à des transports spécialisés.
Cette autonomie de déplacement est une clé essentielle pour l’inclusion scolaire, professionnelle et sociale. Elle ouvre la voie à une participation sans entrave à tous les aspects de la vie en communauté.
Au-delà des infrastructures, l’autonomie passe aussi par un changement de mentalités pour reconnaître la capacité décisionnelle et l’expertise d’usage des personnes concernées. La CDPH souligne l’importance de leur pleine participation à l’élaboration des politiques publiques.
Favoriser l’autonomie, ce n’est pas rendre les personnes totalement indépendantes et autosuffisantes. C’est leur donner les moyens de choisir librement l’assistance humaine, technique ou animale dont elles ont besoin pour vivre selon leurs propres désirs et aspirations.
Le droit à la formation
L’éducation est un droit fondamental reconnu par la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), qui stipule dans son article 24 que les États parties doivent assurer un système éducatif inclusif à tous les niveaux. À Genève, des efforts sont déployés pour garantir l’accès à l’éducation aux personnes en situation de handicap.
Des aménagements raisonnables sont mis en place, comme des salles de classe accessibles, du matériel pédagogique adapté et la présence d’auxiliaires formés. Des enfants sourds ou malentendants peuvent ainsi suivre leur scolarité en classe ordinaire grâce à l’accompagnement d’interprètes en langue des signes (LSF) et en langage parlé complété (LPC).
L’inclusion scolaire profite à tous les élèves en les sensibilisant à la diversité dès le plus jeune âge. Elle transmet des valeurs de respect, de solidarité et d’entraide mutuelle, essentielles à une société ouverte et tolérante qui considère le handicap comme un élément de la diversité plutôt qu’une limitation.
Au-delà de l’école obligatoire, l’accès à la formation professionnelle, supérieure et continue doit également être garanti aux personnes handicapées, comme le préconise la CDPH. Des dispositions appropriées rendent possibles des études et une qualification pour exercer un métier épanouissant.
Le droit à l’emploi
Selon l’article 27 de la CDPH, les personnes handicapées ont droit à un travail librement choisi ou accepté, dans un cadre ouvert, inclusif et accessible. Pourtant, le taux d’emploi des personnes en situation de handicap reste inférieur à la moyenne, en raison notamment de préjugés tenaces et d’environnements professionnels inadaptés.
À Genève, des mesures visent à promouvoir l’intégration professionnelle des travailleurs handicapés, qu’il s’agisse d’aménagements des postes de travail, de sensibilisation du personnel ou d’accompagnement personnalisé. Le numérique offre aussi de nouvelles opportunités, comme le télétravail facilitant l’accès à l’emploi.
De nombreux métiers s’ouvrent lorsque l’on prend soin d’adapter les conditions de travail. Avec les bons outils informatiques, une personne aveugle peut exercer en tant que juriste, comptable ou développeuse. Un environnement sonore adapté et des horaires flexibles permettent à une personne autiste de donner le meilleur d’elle-même. Une adaptation ergonomique du poste rend possible un emploi de bureau malgré un handicap moteur. Et ce ne sont là que quelques exemples.
Au-delà de l’égalité des chances, l’emploi des personnes handicapées apporte un réel bénéfice aux entreprises, qui gagnent en diversité, en créativité et en capacité d’innovation. Une société inclusive, c’est une société plus riche et plus performante.
Textes: Malick Reinhard
Le tram de la campagne
